mercredi 24 décembre 2014

Bonnes fêtes de Noël à tous !

L'automne, bien qu'interminable, est passé vite... Et l'hiver semble ne toujours pas vouloir pointer son nez.

J'ai l'impression que hier encore, le soleil brillait dans la vallée, inondée du son des clarines. C'était la transhumance.




Mais non, tout ça c'était il y a un moment déjà. Oh, il ne s'est pas passé tant de choses depuis lors, ou plutôt si, il s'en est passé : la Moselle a bien du prendre une dizaine de pics de crue, nous laissant, pauvres pêcheurs, le sentiment amer d'être passés à côté.



L'automne tant attendu, ses promesses de gelées matinales, d'éclosions massives d'olives, de sulfures, a été un peu rat cette année : une poignée de sorties "valables", pas mal d'expéditions rocambolesques à la poursuite d'une chimère à la dorsale violette. 


Si, si, ça a pêché... mais pas autant qu'on l'aurait voulu. Pas assez souvent. Pas assez de mouches. Pas d'assez gros poissons. Pas assez d'ivresse. Je vous l'ai déjà dit, je suis de la race des éternels insatisfaits.




Nous voilà donc déjà rendus à la fin du mois de décembre. Même si on ronchonne, St Pierre doit nous avoir trouvé assez sages pour envoyer son émissaire rouge nous gâter un peu.

Après tout c'est vrai, on aurait pu être plus têtus avec ces ombres, et jouer davantage encore à leur planter de la ferraille dans le bouche ! 


Mais on a préféré rester sages et traîner un peu en réservoir, (chut ! Le Saint Patron le sait pas.)... Alors peut être que demain soir, sous le sapin... Une canne... Une soie... Un gilet de la mort qui tue... 
Et beaucoup, beaucoup de rêves ensoleillés de rigolades les pieds dans l'eau, dans la torpeur d'un coup du soir de juin...

Bon Noël à tous, amis pêcheurs ! Ainsi qu'à ceux qui vous sont proches !


@ bientôt,

Gilles,

samedi 13 septembre 2014

Le temps des moissons

Brume fraîche du matin, odeur d'humus, de champignon. L'été est passé. 

Doucement, le calme se réinstalle, partout. 

Les chemins de randonnée : Wormsa, Sentier des roches, redeviennent eux-mêmes après avoir été foulés par des bus entiers de "randonneurs", ces touristes bigarrés, pressés, assoiffés de nature, avides d'en découdre avec un élément qu'ils ne fréquentent plus que rarement, virtuellement.

Les berges elles aussi sont abandonnées. Plus de baigneurs, plus de canoës. Plus "d'écrevisses" qui s'exposent au soleil à s'en brûler les neurones.

La vie suit son cours. D'abord timidement, puis enhardis, chevreuils, sangliers, castors ressortent de leurs caches, et se montrent le soir. L'agitation est passée. Ils sont à nouveau chez eux.


Finies les chaudes journées, les veillées en terrasse. Chacun prend conscience du fait que l'heure tourne. Il faut à présent se préparer à des jours calmes. 

Le rythme se ralentit et pourtant, une agitation se fait sentir dans les villages de la vallée. Le bois rentre, les pots à conserve ressortent des caves. 

C'est l'heure des moissons. 

Le potager, après tant de soins, livre le meilleur de ses fruits et légumes. Les bois regorgent de champignons. Délices du moment, on se hâte à créer conserves et bocaux, qui amèneront un rayon de soleil dans la monotonie des jours gris qui viendront, bientôt.

         
                                                            

Côté pêche, c'est la même. Au rythme effréné de l'été succède une période d'apaisement.

Les cris de joie des enfants capturant leurs premiers poissons, ne résonnent plus sur les berges. Les pauvres sont de retour sur les bancs d'une école où on leur apprend ce que la vie n'est pas. 


L'intimité des berges n'est plus troublée à présent que par le bruit feutré des semelles sur la mousse humide, le crissement des fougères sèches.

L'angoisse des niveaux d'eau, de l'activité des poissons en plein cagnard, s'estompe. Enfin les rivières ont retrouvé des niveaux décents. Des températures clémentes, juste assez frais pour déclencher de belles éclosions, sont comme une promesse de pêches "faciles".

Car pour les poissons aussi, c'est l'heure des moissons. Bien conscients de la saison qui avance, eux aussi engrangent un maximum avant des repas plus maigres.

Dans l'esprit du moucheur, le temps est compté. Plus que quelques jours avant la fin de la pêche en 1° catégorie. Vite, on moissonne un maximum d'images. Elles seront elles aussi autant de rayons de soleil dans les mois à venir.
























Pour le pêcheur d'ombres, la saison ne fait que commencer. Eclosions d'olives, de caenis. Retombées de fourmis. Derniers vols de sedges. Et enfin les grosses sulfures, voiliers jaunes qui frissonnent à la surface de l'eau.

Après des mois d'exercice, le lancer est sûr, précis. La dérive est parfaite. Le ferrage, appuyé mais mesuré. Le bras tremble de plaisir pendant que l'étendard, trompé par sa gourmandise, regagne le vif du courant. Le plaisir est à son comble.


En nymphe, en sèche. En noyée. Le temps des moissons, c'est la saison de tous les possibles. 

Peigner une veine sous la canne, et ressentir cet arrêt, percevoir un reflet sous la surface, un tremblement. 

Laisser dériver un train de Wickham's, Corixa, Black Penell et savoir le moment pile où une décharge électrisera l'avant-bras.


Respecter le timing d'un gobage bien installé. Présenter un petit voilier en CDC, voir le poisson monter, lentement. Il observe. Il hésite. Finalement il ouvre la gueule et, délicatement, picore l'imitation.


C'est alors chez le pêcheur, une symphonie de sensations, toujours les mêmes, ressenties pourtant toujours plus fort.


Bientôt le poisson sera "sien", l'espace d'un instant, magique. Sa nage sous l'eau, étendard déployé, est des plus gracieuses.


Le voilà qui vit dans la main. Le temps s'est arrêté sur ses couleurs parfaites. Ses lignes élancées, sa bouche fine : le moindre détail s'imprime définitivement dans la rétine du pêcheur heureux.

A bientôt beau Thymallus.


La vie continue. La saison des moissons ne fait que de commencer après tout. Au plus froid de l'hiver, des mots, des sensations, des images resurgiront. 

Comme autant de trésors, on s'en délectera avec gourmandise.

@ bientôt,

Gilles,


                              

vendredi 25 juillet 2014

L'été, la pleine saison de l'ultra-léger !

Pour changer un peu de mes tergiversations mouchesques, je vous propose une petite virée un peu différente, sur la Fecht. 

Cette fois-ci, ce sera à l'ultra-léger.

Attention, pas question ici de parler de la "pêche à la cuiller" bête et méchante de grand papa. Je mets le holà de suite, car je sais avec quelle fièvre l’évocation du leurre métallique peut déchaîner les foules. 

Une photo de truite ainsi ferrée, postée sur un réseau social, et c'est la crise : "assassin !", scandent les uns, "ferrailleur ! " s'insurgent les autres. On dit que la pêche à la mouche s'est démocratisée. Force est de constater pourtant, que nombreux sont encore les intégristes de la plume, les ayatollahs du fouet. Un peu d'ouverture d'esprit et de tolérance, bordel !


Bon, le cadre étant posé, passons à des divagations plus reposantes. La pêche à l'ultra-léger, sur de petits cours d'eau telles les rivières d'Alsace, est vraiment une pêche des plus passionnantes.

On y retrouve les plaisirs de la mouche, associés au fait qu'il devient possible de traquer fario dans les coins et recoins les plus inexplorés, les plus inextricables de la rivière. Les spots où personne ne va, parce que de toute façon "y'a longtemps qu'il n'y a plus rien la derrière" (comprenez : "je peux pas poser mon auto juste à côté" - pour les moins téméraires, ou "je vais encore laisser un camion de mouches dans les arbres" - pour les autres).


L'été arrivé, il devient souvent nécessaire sur la Fecht, "d'attaquer" les poissons de loin, d'aller les débusquer sous des frondaisons vraiment impénétrables. 


C'est alors un jeu d'adresse, doublé du jeu de l'approche de sioux : ne pas perturber ce spot quasi-vierge, ne pas rater un premier lancer décisif. Rester calme, prendre son temps.


Des souvenirs soudain refont surface. Émotions d'enfance quand, à vélo, on partait vers l'aventure : un bout de rivière, un étang abandonné. Surtout ne pas se faire remarquer : c'était risquer soit la raclée du retour, soit l'invasion par les "anciens" d'un spot que tous croyaient inhabité.

Sentiment d'inconnu et de découverte, impression d'être le tout premier pêcheur à fouler ces berges depuis la Création.


Et puis au bout d'un moment, la rivière qui semblait lisse et calme se déchaîne : cela commence par un éclair doré sous l'eau, puis un choc dans l'avant bras... la truite est piquée... elle est belle...


...encore plus belle quand c'est la toute première. Celle qui ancre le virus dans les tripes :

Pour ceux qui ont plus de "bouteille", un bijou de la Fecht est encore toujours considéré comme un cadeau précieux :


Après tant d'efforts, à genoux, à 4 pattes dans les fourrés, le bonheur de croiser fario est des plus puissants. Celle-ci n'a très certainement jamais croisé l'ombre d'un pêcheur :


Pas plus que celle-là :


Alors on les laisse se remettre doucement de leurs émotions, et zou ! De retour dans l'eau. A bientôt peut-être.

Comme un rêve qui s'estompe, on quitte la rivière. Sans bruit. En prenant garde à ce qu'aucun œil observateur ne nous voie quitter le sanctuaire. On reviendra, ça oui ! Mais pas tout de suite.

Laisser la rivière oublier notre passage.
Rêver, quelques soirs durant, de ce coin perdu.
Parler avec d'autres pêcheurs, mais ne jamais leur révéler l'existence de cette rivière dans la rivière.
Fantasmer encore, et se rappeler comme c'est bon.

@ bientôt,

Gilles,
Guide de pêche en Alsace.



vendredi 4 juillet 2014

Quelques nouvelles de la pêche à la mouche en Alsace..

Quand je vois à quelle cadence j'ai publié ces derniers temps, cela m'en donne le tournis. Bien entendu, c'est la pleine saison. Alors, vraiment, l'appel de la rivière est le plus fort.

Un peu de pêche "perso", pas mal de sorties en guidage, en initiation, en perfectionnement. C'est le plus gros de la saison, ce n'est pas le moment de lambiner. 

Monter, monter et remonter les mouches qui constituent le "fond de roulement" de mes boîtes : celles qui sortent à chaque occasion, et qui n'en ratent pas une pour finir dans un arbre.

Entretenir, réparer, rafistoler, préparer. Repérer, beaucoup. C'est mon quotidien ces derniers jours. 

Encore une fois cher lecteur, je ne vous donnerai pas beaucoup de lecture. Promis, des articles mieux charpentés arriveront !

Pour l'heure, j'avais bien envie de partager avec vous quelques clichés des dernières semaines passées sur la Fecht et dans les Vosges.

Images d'une sortie découverte de la Fecht. Au beau cadeau offert par une amoureuse attentionnée :





Images d'un homme de l'autre bout du monde. Heureux de capturer ses premiers ombres :





 Images d'une traque constante et passionnée : 







Images de moments d'exception, entre amis. Le bruit de l'eau, de beaux fruits de saison, un bout de cochon. Et tout le monde est heureux : 


De la soie qui vole, de la soie qui se déploie. De la pêche, de la pêche, de la pêche.







Et bien entendu, des images de celles et ceux qui nous font fantasmer, jour après jour. Comme il est de coutume, les truites énoooooooooormes, l'ombre de l'espace... sont toujours ceux que l'on casse, que l'on décroche. Donc pas de photo de Golliaths des rivières alsaciennes. Mais quand même du plaisir, des visages radieux. Alors ça va.











Promis, juré. La prochaine fois je serai un peu plus prolixe.

@ bientôt,

Gilles,