Pour changer un peu de mes tergiversations mouchesques, je vous propose une petite virée un peu différente, sur la Fecht.
Cette fois-ci, ce sera à l'ultra-léger.
Attention, pas question ici de parler de la "pêche à la cuiller" bête et méchante de grand papa. Je mets le holà de suite, car je sais avec quelle fièvre l’évocation du leurre métallique peut déchaîner les foules.
Une photo de truite ainsi ferrée, postée sur un réseau social, et c'est la crise : "assassin !", scandent les uns, "ferrailleur ! " s'insurgent les autres. On dit que la pêche à la mouche s'est démocratisée. Force est de constater pourtant, que nombreux sont encore les intégristes de la plume, les ayatollahs du fouet. Un peu d'ouverture d'esprit et de tolérance, bordel !
Bon, le cadre étant posé, passons à des divagations plus reposantes. La pêche à l'ultra-léger, sur de petits cours d'eau telles les rivières d'Alsace, est vraiment une pêche des plus passionnantes.
On y retrouve les plaisirs de la mouche, associés au fait qu'il devient possible de traquer fario dans les coins et recoins les plus inexplorés, les plus inextricables de la rivière. Les spots où personne ne va, parce que de toute façon "y'a longtemps qu'il n'y a plus rien la derrière" (comprenez : "je peux pas poser mon auto juste à côté" - pour les moins téméraires, ou "je vais encore laisser un camion de mouches dans les arbres" - pour les autres).
L'été arrivé, il devient souvent nécessaire sur la Fecht, "d'attaquer" les poissons de loin, d'aller les débusquer sous des frondaisons vraiment impénétrables.
C'est alors un jeu d'adresse, doublé du jeu de l'approche de sioux : ne pas perturber ce spot quasi-vierge, ne pas rater un premier lancer décisif. Rester calme, prendre son temps.
Des souvenirs soudain refont surface. Émotions d'enfance quand, à vélo, on partait vers l'aventure : un bout de rivière, un étang abandonné. Surtout ne pas se faire remarquer : c'était risquer soit la raclée du retour, soit l'invasion par les "anciens" d'un spot que tous croyaient inhabité.
Sentiment d'inconnu et de découverte, impression d'être le tout premier pêcheur à fouler ces berges depuis la Création.
Et puis au bout d'un moment, la rivière qui semblait lisse et calme se déchaîne : cela commence par un éclair doré sous l'eau, puis un choc dans l'avant bras... la truite est piquée... elle est belle...
...encore plus belle quand c'est la toute première. Celle qui ancre le virus dans les tripes :
Pas plus que celle-là :
Alors on les laisse se remettre doucement de leurs émotions, et zou ! De retour dans l'eau. A bientôt peut-être.
Comme un rêve qui s'estompe, on quitte la rivière. Sans bruit. En prenant garde à ce qu'aucun œil observateur ne nous voie quitter le sanctuaire. On reviendra, ça oui ! Mais pas tout de suite.
Laisser la rivière oublier notre passage.
Rêver, quelques soirs durant, de ce coin perdu.
Parler avec d'autres pêcheurs, mais ne jamais leur révéler l'existence de cette rivière dans la rivière.
Fantasmer encore, et se rappeler comme c'est bon.
@ bientôt,
Gilles,
Guide de pêche en Alsace.
On y retrouve les plaisirs de la mouche, associés au fait qu'il devient possible de traquer fario dans les coins et recoins les plus inexplorés, les plus inextricables de la rivière. Les spots où personne ne va, parce que de toute façon "y'a longtemps qu'il n'y a plus rien la derrière" (comprenez : "je peux pas poser mon auto juste à côté" - pour les moins téméraires, ou "je vais encore laisser un camion de mouches dans les arbres" - pour les autres).
L'été arrivé, il devient souvent nécessaire sur la Fecht, "d'attaquer" les poissons de loin, d'aller les débusquer sous des frondaisons vraiment impénétrables.
C'est alors un jeu d'adresse, doublé du jeu de l'approche de sioux : ne pas perturber ce spot quasi-vierge, ne pas rater un premier lancer décisif. Rester calme, prendre son temps.
Des souvenirs soudain refont surface. Émotions d'enfance quand, à vélo, on partait vers l'aventure : un bout de rivière, un étang abandonné. Surtout ne pas se faire remarquer : c'était risquer soit la raclée du retour, soit l'invasion par les "anciens" d'un spot que tous croyaient inhabité.
Sentiment d'inconnu et de découverte, impression d'être le tout premier pêcheur à fouler ces berges depuis la Création.
Et puis au bout d'un moment, la rivière qui semblait lisse et calme se déchaîne : cela commence par un éclair doré sous l'eau, puis un choc dans l'avant bras... la truite est piquée... elle est belle...
...encore plus belle quand c'est la toute première. Celle qui ancre le virus dans les tripes :
Pour ceux qui ont plus de "bouteille", un bijou de la Fecht est encore toujours considéré comme un cadeau précieux :
Après tant d'efforts, à genoux, à 4 pattes dans les fourrés, le bonheur de croiser fario est des plus puissants. Celle-ci n'a très certainement jamais croisé l'ombre d'un pêcheur :
Alors on les laisse se remettre doucement de leurs émotions, et zou ! De retour dans l'eau. A bientôt peut-être.
Comme un rêve qui s'estompe, on quitte la rivière. Sans bruit. En prenant garde à ce qu'aucun œil observateur ne nous voie quitter le sanctuaire. On reviendra, ça oui ! Mais pas tout de suite.
Laisser la rivière oublier notre passage.
Rêver, quelques soirs durant, de ce coin perdu.
Parler avec d'autres pêcheurs, mais ne jamais leur révéler l'existence de cette rivière dans la rivière.
Fantasmer encore, et se rappeler comme c'est bon.
@ bientôt,
Gilles,
Guide de pêche en Alsace.