samedi 5 décembre 2015

L'Autoéclosion, prince du casse-dalle

Le salaud, l'ordure, le fumier. Il a viré sa cuti.

Je vous avais promis il y a près d'un an, un article sur le phénomène : l'Autoéclosion. Le seul type du coin à pouvoir déclencher une éclosion par la force de la pensée. 

Pire, le seul gars du monde entier à être capable de faire gober (sic), à une bande d'ombres mal embrassés, qu'une éclosion se produit... à la seule force du poignet.



10, 100, 1000, le diable enchaînait jusqu'alors les passages d'une sèche approximative au cours de dérives qui ne l'étaient pas moins. 

Agacés par tant de monstruosité ou lassés de voir passer des mouches apocalyptiques, truites et ombres se mettaient à table. Toujours.

A mesure qu'il enchaînait les rencontres avec la gent piscicole, son sourire s'élargissait. 


Surtout si à côté, Monsieur votre serviteur se cassait les dents, et joliment : posé cloche, mending, dérive parfaite, nymphette lestée juste comme il le fallait. 

Nada, walou. 

Affamés par les 1001 dérives du classique CdC olive, les rigolos ne mangeaient plus sous l'eau.

Alors forcément, des fois ça riait jaune, ça grinçait des dents.


Mais ça c'était avant. Le type s'est offert cette saison, une bonne 10 pieds pour soie numéro 4. Et surtout, surtout, quelques kilos de tungstène. Le mec pêche en nymphe maintenant. Pas toujours, mais quand même. 


Que vous raconter de lui à présent, donc ?

Qu'il continue à me mettre des piles, subaquatiques cette fois ? C'est un peu vrai. 

Que j'adore le regarder pêcher ? Au risque de passer pour un dangereux voyeur, je dois le reconnaître. Oui, il a du talent même s'il ne s'en vante pas. Mais surtout, ce type est un gosse.

Je ne connais que peu de pêcheurs qui sont capables d'avoir tant d'étoiles dans les yeux au moment exact où ils lèvent le bras en tirant simultanément sur la soie. Des qui s'émerveillent sur la robe d'une truitelle, et trouvent "la plus belle du monde" une petite noiraude de la Fecht.


Des qui trépignent à l'idée de sortir, et qui s'excitent au bruit de l'eau, et qui tremblent sur leurs cannes quand ça tire fort au bout.

Ces mecs là sont l'essence même de la pêche. Des grands enfants qui jouent.

Comme quand les gamins font leurs caprices, des fois ça râle un peu, quand ça pêche pas comme on veut. Combien de "qu'est-ce qu'on fout là bordel", rien que cette saison ? 

Combien de "mais tu pêches sur quoi put... ?", de "saloperie de formule de bas de ligne de merde", de "con de vent ?"

Je ne les compte plus. 

Pour autant, on se raccroche toujours à la quête suprême de l'instant idéal. 

Du jour où ce sera comme dans nos rêves : un temps doux à lourd. Une végétation en pleine explosion. De l'eau claire, réglée juste au bon niveau. Des poissons actifs, mais taquins. Faudrait pas non plus que ce soit trop facile, on prendrait le melon.

Et puis un bon casse-dalle sur les berges de la Fecht, de la Moselle ou de toute autre rivière secrète d'Alsace ou d'ailleurs.





 Avec le recul, je crois qu'un casse dalle n'est bon qu'à deux conditions :
  • Qu'il soit un temps de repos avant ou après un gros boulot : comprenez, une de ces périodes de frénésie où on oublie de compter les points. Ces courts moments d'où l'on ressort le gilet bardé de mouches, avec pour toute pointe un moignon de fil que l'on n'a plus eu le temps de changer.
  • Qu'il soit partagé avec un de ces grands gamins, qui fantasment sur de petits ronds dans l'eau, et que ça rigole sec.
Partant de là, une tranche de jambon, un bout de saucisson, surpassent largement paon ou cailles rôtis.

Sinon, ce ne serait jamais qu'un rapide rituel alimentaire, dans le froid et le vent (cf. "Mais qu'est ce qu'on fout là bordel ?").

Pour ce qui est du casse-dalle, l'Autoéclosion est un vrai maître spirituel : urbain, Allemand, rapide ou amélioré, il maîtrise le casse-croûte mieux qui quiquonque. Une sorte de star du Vieux-Pané, un artiste du canif, un prince de l'entrecôte grillée, un guide Michelin du routier miteux :


Quand le dos fait mal, que les doigts restent crispés sur le liège de nos cannes, l'Autoéclosion déclare ouvert, le temps du break. Et là plus personne ne rigole.

Oh bien sûr, il est des jours où l'on fait grise mine. Mais sitôt le festin déballé, le cœur se réchauffe, les articulations s'assouplissent, les zygomatiques s'agitent. Alors, les jours où "c'est pas dehors", et bien, on n'est jamais "venus pour rien".

A présent que voilà le froid, et très bientôt la période de trêve, je pense qu'on peut les compter sur les doigts d'une main, nos futurs casses-dalle, vieux.

Mais la saison prochaine c'est sûr, nos épouses respectives jalouseront encore, encore et encore nos escapades loin du monde... Et peut-être rencontrerons-nous un de ces précieux moments de félicité ?



(Juste comme ça, le bonhomme aime bien laisser ses boîtes à mouches sur les berges de la Fecht... Si jamais vous tombez sur celle-là, vous saurez dorénavant à qui elle appartient...) :



@ bientôt sur les berges,

Gilles, 










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